M'BUYI LADY Admin
Nombre de messages : 161 Age : 41 Date d'inscription : 21/01/2007
| Sujet: Lettre de Guy MOQUET à ses parents Lun 7 Jan - 22:19 | |
| <BLOCKQUOTE id=23aac384> LES FUSILLES DE CHÂTEAU BRIANT Châteaubriant, le 22 Octobre 41
Ma petite Maman chérie, Mon tout petit frère adoré, Mon petit papa aimé,
Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être très courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino1. Quant à mon véritable2 je ne peux le faire hélas ! J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées, elles pourront servir à Serge qui, je l'escompte, sera fier de les porter un jour. À toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée.
Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme. 17 ans et demie (sic), ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels3. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine. Je ne peux pas en mettre davantage, je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d'enfant. Courage !
Votre Guy qui vous aime GuyDernières pensées : vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir ! 1 Jean Mercier, Roger Semat, Rino Scolari.2 Serge, le frère de Guy.3 Jean-Pierre Timbaud et Charles Michels, député communiste de Paris, fusillés ensemble.
Le document est la lettre que Guy Môquet a écrite à sa famille. Il vient d'apprendre qu'il fait partie des otages qui seront fusillés. On distribue aussitôt du papier et une enveloppe. Les lettres seront remises à l'abbé Moyon qui les fera parvenir à la famille. Toutes les lettres ont donc été écrites dans l'urgence. Entre le moment où ils apprennent la nouvelle et l'exécution même, il ne s'écoule que quelques heures.
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